Le Petit Robert 2026 et ses mots nouveaux
Le Petit Robert 2026 et le Robert illustré seront disponibles en librairie ce jeudi 15 mai !
Notre éditorial
L'édito de Géraldine Moinard, directrice de la rédaction des dictionnaires Le Robert
Notre monde évolue, nos dictionnaires aussi. Cette année, ce sont plus de 150 mots, expressions et sens nouveaux qui rejoignent les pages du Petit Robert de la langue française. Ils sont notamment le reflet de nos réalités sociétales (démission silencieuse, cagnotter, soumission chimique, débunker…), des évolutions scientifiques (mpox, biomédicament, neurodiversité, périménopause…) ou de nos préoccupations environnementales (géo-ingénierie, surcyclage, vélorue, ensemencement des nuages…).
Sans surprise, parmi les nouveaux entrants se trouvent de nombreux termes liés à l’intelligence artificielle (ou plutôt, devrais-je dire, à l’IA, tant cette abréviation est aujourd’hui omniprésente). Certains ont été forgés récemment, comme prompter ou hypertrucage, d’autres sont restés un temps confinés au jargon de l’informatique avant de se faire connaître du grand public, comme apprentissage profond (deep learning). Bien que les mots liés aux nouvelles technologies, a fortiori quand elles se développent si rapidement, soient souvent des emprunts à l’anglais, on peut se réjouir de l’émergence de certains termes français : le mot hypertrucage, proposé par l’Office québécois de la langue française pour remplacer deepfake, gagne du terrain (y compris en France), et lorsqu’on reproduit une voix, on parle de clonage vocal. Quant au résultat incorrect ou trompeur produit par une intelligence artificielle générative, il est désigné par le mot hallucination, qui date du XVIIe siècle et se voit ainsi doté d’une signification supplémentaire. Il ne s’agit en effet plus là de la définition originelle d’« erreur des sens », la machine n’étant douée d’aucune sensibilité (ni, rappelons-le, d’aucune intelligence réelle).
Aux côtés de ces néologismes, d’autres mots font figure de vieux briscards. Emblématiques d’une région de France ou d’un pays francophone, parfois employés de longue date, ils continuent de se diffuser jusqu’à dépasser, pour certains, les frontières de leur aire d’origine. En témoigne la diffusion massive du gâté marseillais, propulsé il y a quelques années par un morceau de rap à succès, et dont l’usage ne faiblit pas depuis. À la fin de ce dossier, nous avons donc souhaité donner la parole à Médéric Gasquet-Cyrus, l’un de ces linguistes de terrain qui enquêtent au plus près des locuteurs et locutrices pour informer et conseiller nos équipes sur la vitalité des mots des régions de France et de la francophonie.
Car ce sont bien des hommes et des femmes qui, tout au long de l’année, observent et consignent les nouveaux mots, sélectionnent les mieux implantés dans notre langue, puis en proposent une description de référence pour permettre à chacun et à chacune d’en saisir le sens et de les utiliser en pleine intelligence.
Pour nous comprendre, exprimer nos idées et nos sentiments, argumenter, convaincre, faire rire, séduire, nous aurons toujours besoin de maîtriser les mots. Plus que jamais, le dictionnaire est ce compagnon de confiance qui nous fournit les clés d’un langage créé par et pour les humains.
Bonne découverte,
Géraldine Moinard
Le Petit Robert et Le Robert illustré 2026


